Quelques images de ma dernière session pour le book portraits argentiques de comédiens sur lequel je travaille. Nos deux étoiles sont Charlotte Hervieux et Christophe Lopez que je remercie très chaleureusement. La séance a duré un peu plus de 2 heures, merci à eux de s’être deplacés entre deux spectacles! Je leur souhaite bonne chance durant leur tournée dejà bien entamée !
Je suis parti sur des choses simples avec 4 types de films essentitellement: Tri-X et Portra 400 en lumière ambiante puis Portra 160 et Pan-F en lumière artificielle.
Côté bestiole je suis resté sur un Mamiya RZ67 avec un dos 645 qui permet donc 15 clichés par rouleau (en 120). L’optique est un 110mm F/2.8 mais compte tenu de la réduction du format à 645 et non 67 j’étais plus proche d’une focale télé que standard.
C’est une des raisons pour lesquelles j’apprécie la possibilité de changer de format sur un boitier. Avec une seule optique on peut travailler sur au moins deux focales donc deux niveaux de compressions.
Sur le premier set, en lumière ambiante, je voulais un rendu très doux qui peut s’adapter à n’importe quel type de visage.
J’ai donc réduit le contraste avec plusieurs réflecteurs (fenêtre à droite). Ce n’est pas ma lumière idéale pour le noir et blanc mais il reste un peu de modelé sur le nez donc ça passe.
Tri-X EI 200 soupe: HC110 1/125 F/4 110mm F/2.8 RZ67 dos 645
En revanche le cadrage n’est pas très académique mais Chris domine totalement le cadre, donc pas de véritable souci.
Puis suis passé en couleur, et j’ai perdu un diaph de lumière. Pas de problème à cette vitesse, de un: l’obturateur est central et donc moins facteur de vibration, et de deux: l’appareil est sur trépied ! Le but étant de pouvoir évaluer la qualité de ma mise au point manuelle sans se soucier du flou de bougé. J’en reparlerai plus loin. Quoiqu’il en soit cette lumière se prette assez bien au travail en couleur.
Portra 400 EI 200 1/60 F/4 110mm F/2.8 RZ67 dos 645
Ce visage c’est de la pêche en or velouté ! C’est ça la magie de l’argentique, le grain de l’émulsion sublime le grain de peau comme aucun autre médium. Attention ça ne veut pas dire qu’on va transformer un mineur lorrain fumeur et buveur en fraîche Cendrillon au teint de pétale de rose. D’autant que de nos jours l’authentique mineur lorrain doit avoisiner les 80 ans … Mais en partant d’un beau brin de fille il ne reste qu’à gérer le contraste et la lumière, la pellicule fait le reste.
Nous sommes passés ensuite à la lumière artificielle mais continue: deux bons gros spots de chantier ont fait l’affaire (on en voit un en haut à droite dans l’image ci-dessous). Le réflecteur à gauche permet de déboucher quelques ombres. Cette lumière étant très dure, on l’assouplie souvent à l’aide de réflecteurs.
Le problème du spot de chantier comme on le voit dans cette image ci-dessus est la couleur de sa lumière. Je reviendra sur la notion de couleur de lumière, mais il ne surprendra plus personne de nos jours de constater la jaunisse des photos prises en intérieur. Bref mon spot de chantier éclaire ma scène d’une lumière bien jaune. Sans filtre pour corriger ça je ne peux envisager que de corriger ce phénomène en post traitment (beurk) ou simplement de faire une prise de vue en noir et blanc. Et zou, je sorts la Pan-F ! Ce film est très contrasté et sur une lumière dure, donc également très contrastée, on obtient un rendu assez unique.
Pan-F EI 25 1/60 F/2.8 110mm F/2.8 RZ67 dos 645
Pan-F EI 25 1/60 F/2.8 110mm F/2.8 RZ67 dos 645
On peut très bien envisager avec cette combinaison film-lumière d’émuler les portraits de stars commandés par les grands studios américains d’après guerre.
Sur le troisième set je suis passé aux flashs, c’est plus standard en lumière artificielle de nos jours. Mais surtout la couleur de lumière de ces flashs est la même que celle de la lumière du jour. Donc on peut repartir sur de la couleur sans se soucier de la jaunisse.
On peut voir dans l’image ci-dessous (avec Chris pour le réglage lumière) un bol beauté en haut à droite et deux flashs cobras qui serviront de contres.
Charlotte et Chris travaillent parfois ensembles et ont donc besoin de quelques photos où ils apparaissent tous les deux. En mode « The Kooples » comme ils disent 😉
Portra 160 EI 100 1/125 F/5.6 110mm F/2.8 RZ67 dos 645
Je suis parti sur de la Portra 160 uniquement parceque la puissance du flash principal me le permettait mais également pour sa palette de couleur très, très, Mmmmm. Ci dessous pour référence, le même éclairage mais en Portra 400. Il ya bien sûr des différences de scan mais je ne sais pas comment dire … Il existe une espèce de « séparation tonale colorimétrique » plus pointue sur la Portra 160. Tandis que la Portra 400 de ce côté demande à être vraiment travaillée pour s’en rapprocher.
Portra 400 EI 200 1/125 F/4 110mm F/2.8 RZ67 dos 645
Conclusion
- Il faut que j’arrête de m’entêter: j’adore le noir et blanc mais le standard aujourd’hui pour le portrait d’ artiste/comédien c’est la couleur. Il faut donc que les prochaines prises de vue soient vraiment axées là dessus.
- Plus je multiplie les sets de lumières plus je perds du temps, surtout avec deux personnes. En 2 heures il faut que je passe de 3 à 2 sets avec au moins un facilement modulable.
- N’utiliser qu’un seul boitier est vraiment moins schyzophrénique comme expérience. C’était une très bonne conclusion de la prise de vue faite avec le Mamiya C330F et l’Hasselblad 500C (disponible dans la Newsletter).
- Mise au point: en moyen format avec de faibles ouvertures F/4 et en dessous on travaille avec de très faibles profondeurs de champs, rater la mise au point est donc TRES facile. La présence du trépied n’a fait que confirmer ce que je pensais: ma mise au point aux grandes ouvertures est statistiquement dans les queues de distributions (pas souvent excellente pour les non matheux).
- Pour accélérer le déroulement de la prise de vue il me faut également réduire le type de film utilisé: 5 ! (j’en ai essayé un de plus non mentionné ici). Il va me falloir me contenter d’un film pour la lumière ambiante: Portra 400 et d’un autre pour la lumière artificielle: Portra 160. Et il me faudra garder mes films noir et blanc pour des projets plus personnels.
Bonjour, merci beaucoup pour ce partage.
Est-ce volontairement que tu n’as pas fait trop de contrastes ? Surtout que tu parles d’émuler les anciennes photos hollywodiennes que j’adore, j’aurais bien voulu voir le résultat en argentique, 🙂
Je pensais qu’il y avait encore beaucoup de books en noir et blancs…
Est-ce que le trépied ne diminue pas un peu la créativité, en empéchant de changer le cadre ?
Je teste avec des petites lumières continues, pas toujours facile… A moins d’accepter beaucoup de grain.
Merci !
Oui le manque de contraste était volontaire je voulais un rendu très doux.
Pour être honnête le rendu noir et blanc contrasté hollywoodien en lumière ambiante demenderait une quantité de matériel que je n’ai pas, en artif également d’ailleurs.
cela tient qu fait qu’il faut systématiquement une source lumière ou un retour pour déboucher les cheveux, un pli de vêtement etc… Pour que ce soit propore à la prise de vue cela requiert beaucoup de matériel. Donc il faut soit faire des compromis soit faire avec un objectif de rendu différent.
Le trépied c’est surtout pour éviter le flou de bougé, et oui bien entendu cela reduit la capacité de mouvement, la rapidité de mouvement en réalité. Mais c’est une habitude on peut se déplacer quand même il faut pas exagérer. Ce ne sont pas les conditions du reportage, où tu as 10 secondes pour faire 20 photos …
Et oui lumières continues, c’est encore une histoire de materiel, plus elles sont puissantes plus tu as de liberté d’action, mais c’est gros, gourmand, et ça peut coûter très cher. Toujours du compromis! Pour moi le grain n’est pas un souci, mais c’est histoire de goût! 🙂
Merci pour ton retour, c’est très cohérent ! 🙂
Il est vrai qu’on peut être mobile en trépied.
Comme tu dis tout est question de cohérence entre les moyens et l’objectif.
Je me dis qu’au-dela du materiel le travail sur le rendu contrasté demande aussi plus de temps et moins de changements dans les postures.
Idem pour le grain ! 🙂