Photo Argentique: Robotique débordementRobotique, débordement     vs     Sans titre

Si on pense à la même chose, alors le titre de cette photo pourrait être « Robotics overflow / Robotique, débordement ».

Où « débordement » suggère le tour de force, qui d’une certaine représentation d’une forme vivante, fait trompeusement apparaître celle d’un robot.

Je suis l’auteur de cette image, et pourtant… L’intention que javais lorsque je l’ai réalisée en Novembre 2015, bien que toujours intacte, n’est plus perçue de la même manière par mon cerveau, cette perception est aujourd’hui polluée. Polluée ou altérée par l’experience de la vie, les communiqués de presse spectaculaires de « Boston Dynamics », le temps qui passe.

Et bien sûr aussi par l’ensemble des informations supplémentaires qui affectent chaque jour, comme pour tout le monde, le souvenir des perceptions et ressentis que j’ai pu avoir par le passé.

Cela en dit long sur la manière dont les processus d’acquisition d’informations débordent sur ceux de la perception et les déforment.

Ce qui était n’est plus et ne sera pas.

De fait lorsqu’une photo, une image, est présenté au monde exterieur, la question du titre a plusieurs couches, d’abord: Avec ou sans titre? Et ensuite si « Avec titre », on se doit alors d’établir des priorités.

« Avec titre »:

Faut il rester fidèle à l’intention initiale? En dehors de ce qui est de nature « journalistique », le titre d’une photo ne sert que de béquille à une image qui ne peut transmettre autrement que par ce truchement une évidence ou parfois même une subtilité.

Une photo qui porte un titre n’est plus une photographie per se, c’est une oeuvre de techniques mixtes (language et support visuel) au mieux, ou beaucoup plus fréquemment me semble-t-il, au pire, une merde…

Concernant les techniques mixtes: oui, je vois l’intérêt, cela reste un véhicule d’expression, donc après tout pourquoi pas? Mais pour qu’il y en ressorte un quelconque intérêt, en langage « corporate » il faut que la pièce opère un véritable « leverage » (effet de levier, oui les anglicismes sont moches) des « synergies » que renferment les média employés. Le tout dans un certain but ou à minima dans l’idée de servir une intention claire.

En dehors de véritables synergies, on se retrouve avec un empilement disparate d’expressions singulières sans intérêt, bref en bon français: une merde. C’est quand même bien plus simple en français n’est-ce pas?

En faveur du « Sans titre »:

Dans sa forme la plus pure, un medium peut exister par lui-même en qualité de noble véhicule d’expression. Mais il requiert un niveau de maîtrise élevé dont peu ont le privilège d’être touché par la grâce. Il n’importe pas que le spectre offert par un medium soit large ou très étroit, ce qui relève d’une valeur intrinsèque, presqu’universelle, c’est la manière dont il est utilisé, façonné, pour transmettre une intention.

L’emploi de la forme primaire d’un medium revêt une grande importance, car dans sa forme élémentaire il offre un accès direct au spectateur, lequel d’un regard peut embrasser l’essentiel. Sans autre détour nécessitant un processus intellectuel. Qui de toute façon pourra toujours intervenir dans un second temps, avec sa cohorte de déviances culturelles, historiques et contextuelles, sans même mentionner la barrière du language…

Je voulais ici, juste illustrer cette question centrale qui me vient souvent, c’est copieusement pompeux j’en conviens, mais en toute franchise je ne peux m’en excuser.