Le temps, le temps, le temps, celui que je ne maîtrise pas me priva de l’exposition des travaux de Philippe Bréson à la galerie ARGENTIC l’an passé.
Mais je n’ai pas manqué d’y passer en début d’année pour profiter d’une autre expo et acquérir l’ouvrage convoité directement sur place: Éclaircie passagères (ci-dessus). Mon goût pour ce type de travaux et totalement subjectif bien entendu, mais il me semble intéressant de partager quelques pages de ce livre à plusieurs titres.
En premier lieu parce qu’il sagit d’un travail sur la matière du medium lui-même, une approche assez peu répandue dans la pratique photographique usuelle. D’un point de vue strictement scolaire, cela permet d’élargir la conception du travail créatif avec ce medium qui peut sembler uniquement mécanique au néophyte.
Hé! oui, on peut aussi faire cela!
En second lieu, beaucoup plus subjectivement, car ce travail d’arrachement de l’image peut se conduire avec une finesse voulue, ou bien sans trop de subtilité au moyen de trop grosses ficelles… En effet retirer ce qu’elle a de plus superficiellement représentative n’est pas nouveau, tant du point de vue du principe que des techniques utilisées.
Non, pas de grosses ficelles, ce qu’il y a ici de peu commun c’est une certaine délicatesse dans ce travail d’arrachage délibéré, choisi et irréversible. Petit à petit cette scuplture de l’image, des mains de l’auteur dans le négatif lui-même, confère à celui-ci un caractère particlier qui l’éloigne de son destin d’intermédiaire pour le raprocher de celui d’oeuvre originale.
On peut bien entendu y reconnaître l’influence de Witkin (Joel-Peter Witkin) dont l’univers glaçant fait passer les romans de Stephen King pour les contes du chat perché… Âmes sensibles s’abstenir. Mais de techniques similaires à celles de Witkin Bréson en tire des univers oniriques qui lui sont propres, aux évocations plus douces.
Au risque d’être trivial tout en étant pompeux: tous les noirs ne se ressemblent pas, n’en déplaisent aux optimistes de pacotille. L’univers sombre de Bréson est bien plus lumineux que celui de Witkin dont les ressorts techniques m’ont toujours attiré bien que la thématique toujours tenu à distance.
Les chemins qui mène à un ouvrage sont variés, d’autres arriveront à Bréson autrement qu’en fuyant Witkin… A chacun sa route.
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