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message original: http://www.parlonsphoto.com/sutra-2403565.html#2403565

 

 

 

Salut à tous,

Afin d’aider Zagan dans son choix voici mon retour d’expérience.

Note: je pratique essentiellement le portrait, la photo incluant des personnes et de tant à autres quelques clichés sans êtres humains (quand même).

Avant de parler d’appareil

1. Du format carré:
C’est bien moins anodin qu’il n’y parait c’est à mon sens un choix qui doit être fait de façon délibéré ie pas parceque tel appareil ne donne que cette possibilité. Cadrer carré à la prise de vue c’est TOTALEMENT un autre monde, c’est repartir à zéro et se construire une AUTRE expérience. En tout cas c’est mon ressenti.

Mais de façon plus objective photographier c’est d’abord cadrer. En tout cas cela intervient avant la capture de la lumière. Perso plus j’avance et plus je trouve de sens à raprocher la pratique du dessin à celle de la photographie concernant le cadrage. Et comme on ne pense pas un dessin sans cadre … J’aurais tendance à dire que le choix du format en photographie n’est pas un critère de second rang.

Ceci étant cela est à pondérer par ta propre perception de l’importance du cadre. Certain trouvent cela secondaire, à chacun ses goûts, choix et toutes-ces-sortes-de-choses. Si c’est le cas ce point 1. est donc à mettre aux oubliettes.

2. De l’exposition au flair
C’est une grosse légende, personne n’expose au flair, c’est du vent. En revanche exposer sans cellule est tout à fait possible sans commettre de grosses erreurs. Et cela grâce à quelques connaissances, c’est donc un processus logique et non de la magie « pifométrique ».

Il faut en toute honnêteté ajouter que l’expérience, qui fonctionne comme une base de donnée à cet égard, permet de s’affranchir de situations plus complexes ou la logique du F/16 est hors périmètre.

Exemple à l’instant où j’écris (chez moi) je sais que la lumière dans une rame de métro est à 1/25s F/2 ISO 200, pourquoi ? Parceque tous les illuminants sont à peu près réglés sur cette valeur.

Si ce soir chez toi tu prends une photo à distance raisonnable d’une ampoule ex celle au dessus de ta table à manger, pour une photo de quelqu’un à table ça sera entre 1/50 et 1/25 F/2 ISO 200. Pas besoin de ISO 25gigas …

En numérique, ce qui revient à shooter de la diapo en argentique, un diaphragme de différence c’est beaucoup. Mais en argentique pour du négatif c’est de la rigolade, car la latitude d’exposition est bien plus importante. Donc dans le doute on sur-expose de un diaph.

Je parie une bouteille de champagne que si ce soir tu prends une photo de ta meilleure moitié à table à 1/25 F/2 ISO 200 ton expo sera nickel. Bon évidemment si tu aimes les ambiances grottes humides, ta maison est plutôt au niveau bougie que standard …

Tout ça ce n’est pas du flair c’est une mesure faite une fois, vérifiée et re-vérifiée maintes et maintes fois.

Quand j’ai commencé à shooter sans cellule intégrée et que je prenais mes mesures à la main j’ai découvert le plus grand secret de l’exposition: la lumière ne change pas, c’est seulement la situation qui l’affecte.

Avec les cellules intégrées, j’ai oublié de penser et de comprendre. C’est ma faute bien sûr, mais on est nombreux à tomber dans le piège de marcher avec des béquilles pour ne jamais avoir essayé de marcher sans.

Bon, donc exposer sans cellule c’est faisable mais les situations les plus complexes se trouvent quand même plus souvent qu’on ne le souhaiterait. Logique plus expérience ça aide mais une cellule à main est quand même utile. Mais tu ne l’utilises qu’une fois ! Et ça c’est génial.

Exemple, tu fais de la photo dans la rue, temps couvert, tu as oublié ta logique ton expérience etc… Tu fais une mesure et si le ciel ne se découvre pas tu gardes la même valeur d’expo toute la journée. Plus de stress …

La technologie nous a rendu drogué à plein de choses inutiles…

Pour Cartier-Bresson puisqu’il a été évoqué, le Maîtrissime, LA référence était plus régulièrement que souhaité à la ramasse sur ses expositions et ses tireurs avaient de grandes difficultées à « ratrapper » ça au tirage. C’est tout au moins ce que j’ai lu sur ses tireurs.

Il faut donc savoir mesurer tout propos trop enflamé …

Néanmoins il n’en reste pas moins LA référence en photo dite de rue, malgré tout.

Bref une petite mesure de temps à autre ne fait pas de mal. Mais il est totalement inutile d’en faire une deuxième tant que la lumière ne change pas.

La règle du F/16 fait des merveilles en la matière, surtout en photo argentique.

Enfin après cette tâche d’huile typographique j’en viens aux appareils. En espérant avoir découragé tout ceux qui voulaient une réponse rapide à cette épineuse question …

Pour le format carré qui a été évoqué mais n’est pas ta question je passe, bien qu’il y ait bien entendu à dire de l’intérêt d’un Mamiya C330 versus Hasselblad ou l’inverse.

Ta question était Mamiya 645 ou 67

Les deux peuvent recevoir un dos numérique, donc de ce côté là ton avenir est ouvert. Je considère les 645 et 67 de chez Mamiya qui sont raisonnablement récent. Je ne parle pas du RB67 etc …

Côté film on gagne quelques clichés avec le 645. Ce n’est pas qu’un gain économique, cela permet également de fluidifier la prise de vue , en portrait notamment. On évite ainsi de changer de film trop souvent.

En terme de résolution le 645 est de loin bien meilleur que le 24×36, il y a une différence très nette. Donc un réel intérêt de faire la migration. Bien sûr le 67 est encore bien meilleur mais il faut se poser la question de l’utilité outre la légère différence de format.

Le 67 est quand même bien plus encombrant, le 645 est lui très proche d’un gros reflex pro 24×36.

Si tout est possible il y a quand même des choses plus pratiques que d’autres donc pour le transport le 645 gagne.

En fait le 67 ne représente d’intérêt que pour la résolution, ce qui comparé au 645 est totalement inutile pour la majeur partie des applications. Mais aussi pour la faiblesse des profondeurs de champs, et encore avec l’optique F/1 ,9 sur le 645 ce n’est pas totalement vrai.

L’utilité du 67 est vraiment très spécifique. Pour ma part j’ai les deux formats à ma disposition et pour moi l’intérêt du 67 c’est le format natif 67, la réso bien sûr mais je pourrais sans doute me satisfaire de moins (j’aime le grain), et la possibilité très pratique de pouvoir y adapter un dos 645, 6×6 et bien sûr 6×7, ce truc c’est une Rolls. Elle tousse donc un peu sur les chemins de campagnes …

Donc le 645 pour tout l’aspect pratique et le 67 si tu fais dans le sophistiqué.

Après ça reste du matos, et l’intérêt d’en avoir beaucoup c’est de comprendre qu’au final c’est bien le truc mou derrière l’oeil qui fait la photo. A titre personnel ça me donne souvent des frayeurs …

Amicalement,

Alexis