En manipulant les chimies en photo argentique on rencontre souvent les notations suivantes (la notation scientifique a un sens différent cf commentaires):
Dilution
??? 1:4 1+4 20% ???
Qu’est ce que ça signifie ce charabia ?
Tout d’abord diluer c’est diminuer la concentration d’une solution (ou produit chimique en langage courant). Ces notations s’appliquent à des liquides et font donc référence à des volumes. Elles sont toutes équivalentes, voyons comment les utiliser dans les schémas ci-dessous:
Le 1 sur la gauche fait référence au liquide à diluer: la solution. Le 4 sur la droite fait référence au solvant qui va servir à faire la dilution. Souvent dans la chimie de la photo argentique il s’agit de l’eau. Les notations un pour quatre, un plus quatre ou vingt pour cent font toutes référence à la même dilution. Celle dans laquelle un ajoute un volume de solution à diluer à quatre volumes de solvant.
Le résultat est donc une solution diluée d’un total de 5 unités de volume de référence.
La notation d’une dilution en pourcentage provient tout simplement de la proportion de solution initiale (à diluer) dans la solution finale (diluée). Dans notre exemple le volume final de solution diluée contient un cinquième de solution initiale (à diluer), donc 20%.
Concernant les unités de volumes que l’on rencontre souvent voici les principales et leurs équivalences dans la table ci-dessous:
Le CC bien qu’étant une unité désuète est toujours employé par habitude par les laborantins et fabriquants de matériel. De fait beaucoup d’éprouvettes sont encore graduées en CC alors qu’elles devraient l’être en ML. Le centimètre cube désormais noté CM³ est préféré au ML pour les mesures de volumes solides.
Un autre terme que l’on rencontre souvent est « SOLUTION STOCK » ou « SOLUTION MERE« , il sont interchangeables et font référence à une solution sans aucune dilution. On les emploie souvent pour parler des solutions obtenues à bases de poudres.
Dans la pratique comment ça marche ?
Exemple 1: le B.A.-BA
En pratique il nous faut souvent réfléchir à l’envers car nos bouteilles et autres contenants ne sont pas élastiques. On ne peut pas prendre le risque de les faire déborder. Par exemple lorsqu’on doit diluer un révélateur à un pour cinquante noté 1:50 (dilution souvent utilisé par les amateurs du révélateur Rodinal) on cherche avant tout à respecter trois choses:
- le volume minimum de révélateur stock à utiliser pour une pellicule
- le volume minimum de révélateur dilué pour que la spire contenant le film soit totalement immergée
- le volume maximum de la bouteille dans laquelle on obtient le révélateur diluée
- la contenance maximum de la cuve de développement
Concernant le premier point, débat mis à part on admet souvent 5 ML comme étant le minimum de Rodinal en solution mère (Rodinal livré dans sa bouteille) pour développer correctement une pellicule 135 noir et blanc de 36 poses. Théoriquement si on en utilise moins on prend le risque que le révelateur soit complètement épuisé avant la fin du développement. On peut donc dans ce cas obtenir des négatifs insuffisament développés.
Le second point dépend du type de cuve utilisé. Souvent ce volume est inscrit sur ou sous la cuve. Dans le cas des cuves Paterson le volume de liquide minimum pour totalement immerger une spire est de 290 ML.
Le troisième point varie en fonction des bouteilles qu’on utilise. Prenons 1 L.
Le quatrième dépend de la cuve utilisée. Prenons 550 ML qui est le cas des petites cuves les plus répandues.
Avant tout la première chose à vérifier c’est que le volume de révélateur dilué à 1:50 suffisant pour immerger le film entièrement (290 ML, point 2.) correspond bien à la quantité minimum ou plus de solution mère (5 ML, point 1.) nécessaire pour développer une pellicule.
volume de révélateur : volume d’eau
1 : 50
Volume total de solution diluée = 1 + 50 = 51 unités de volume de référence (uvr)= 290 ML
51 uvr = 290 ML
1 uvr = 290 / 51 = 5.7 ML
On constate en effet que 5.7 ML est plus grand que le minimum requis (5ML, point 1.)
Nos éprouvettes sont graduées en ML entiers, on ne peut donc pas mesurer 5.7 ML. On prend alors l’entier le plus proche soit 6 ML et on en déduit le volume d’eau qu’on doit lui ajouter:
révélateur => 1:50 <= eau
6 ML x 1 : 6 ML x 50
révélateur => 6 ML : 300 ML <= eau
On doit donc ajouter 300 ML d’eau à 6 ML de révélateur. Ces volumes sont bien en accord avec les points 1. 2. 3. et 4.
Exemple 2: un cas extrême
Si maintenant on désire utiliser une dilution à 1:100 on procède de la même manière:
volume de révélateur : volume d’eau
1 : 100
Volume total de solution diluée = 1 + 100 = 101 unités de volume de référence (uvr) = 290 ML
101 uvr = 290 ML
1 uvr = 290 / 101 = 2.9 ML
On constate que 2.9 ML est plus petit que le minimum requis (5ML, point 1.). Combien nous faut-il de volume final pour respecter le point 1. pour une dilution à 1:100 ?
révélateur => 1:100 <= eau
5 ML x 1 : 5 ML x 100
révélateur => 5 ML : 500 ML <= eau
Pour respecter le point 1. à cette dilution il nous faut un volume minimum de 500 ML d’eau. Cela rentre bien dans la condition 4. pas de soucis. On constate donc qu’il faut savoir prendre le problème par les deux bouts afin d’éviter des erreurs.
Exemple 3: celui de tous les jours
Dans ce dernier exemple, nous avons un bidon dont le volume est donné pour 2 L. Dans la réalité on peut encore ajouter 100 ML avant qu’il ne déborde. Sa contenance réelle est donc 2.1 L. On désire préparer un révélateur dilué à 1:31 en utilisant 2 L d’eau. Cherchons combien nous faut il fournir de révélateur non dilué (en solution mère) et vérifions si le bidon va déborder:
(révélateur) ? ML => 1 : 31 <= 2 000 ML (eau)
Volume de révélateur ? = 2 000 / 31 = 64.5 ML
Volume total de révélateur diluée = 1 uvr + 31 uv = 64.5 ML + 2 000 ML = 2 064.5 ML
Le bidon ne déborde pas. Mais si on veut un volume précis de révélateur dilué: 2 L exactement à la même dilution il nous faut:
volume de révélateur : volume d’eau
1 : 31
Volume total de solution diluée = 1 + 31 = 32 unités de volume de référence (uvr) = 2 000 ML
32 uvr = 2 000 ML
1 uvr = 2 000 / 32 = 62.5 ML de révélateur
31 uvr = 62.5 x 31 = 1 937.5 ML d’eau
1 uvr + 31 uvr = 62.5 ML + 1 937.5 ML = 2 000 ML = 2 L
Rien de compliqué en somme. Voici un petit utilitaire qui permet de faire ces calculs dans tous les sens:
Table de calcul interactive (à retrouver ici)
Bonjour à vous, je ne suis pas familisé avec la chimie argentique mais simplement avec la chimie de base et 20% n’est pas égale a 1:4 mais bien a 25%. Aussi 20% est egale a 1:5. Tes exemples sont erronés.
Si tu doit faire 1:4; tu possède 1ml de solution concentré on doit ajouté 3ml d’eau pour avoir un volume finale de 4ml et non ajouté 4ml se qui nous donne une dilution de 1:5.
Bonjour Guillaume,
tu as entièrement raison, et c’est en fait la raison de cet article. Les notations utilisées dans un labo photo ne sont pas les mêmes que les notations officielles de la chimie analytique. J’aurais du le préciser clairement afin de ne pas ajouter à la confusion j’en conviens. Je « blogue » ici pour les débutants et il est vrai que je devrais inclure des annotations pour celles et ceux qui ont un bagage scientifique. On peut débuter et être déjà calé c’est vrai… ça m’est arrivé je suis géophysicien de formation…
Revenons à nos moutons et clarifions ce problème de notation:
A. En chimie ou en médecine une notation de dilution à 1:4 en volume, signifie dilution à 1/4, un quart, de la concentration initiale. Dans cette notation pour reprendre les éléments de raisonnement de l’article on peut dire que dans 1:4 le volume final total sera de 4 alors que le volume de produit à diluer est de 1. De fait tu as raison la concentration qui en résulte est bien de 1/4, un quart, soit 25%. Dans la notation scientifique on ne précise pas le volume de solvant à rajouter, il faut donc le calculer.
B. En photographie cette notation a été dévoyée. Ne me demande pas pourquoi, ni par qui, je ne sais pas. La chimie étant plus ancienne que la photographie il eut été normal que nous suivions les notations scientifiques. Quelqu’un a glissé et nous voilà aujourd’hui avec une notation différente. Je pense qu’il faut chercher l’explication dans le fait que dans la notation scientifique du cas A. on ne précise pas le volume de solvant à rajouter au produit à diluer, il faut donc le calculer. Ca a du chatouiller au mauvais endroit quelques gars sur leur paillasses photographiques. Et ils ont convenu d’une notation bien bourrine genre « oui! bon 1:4, 1/5 20% ok mais combien je rajoute d’eau bor..? 1:4, 4 fois plus? ok c’est parti… suffisait d’le dire! Ronjuju! » et depuis c’est la misère pour les vrais chimistes qui font aussi de la photographie en labo…
Bref pour le photographe 1:4 signifie bien d’un côté 1 volume de produit à diluer et de l’autre 4 fois le même volume de solvant, on se retrouve donc bien avec 5 volumes au total. Cette notation 1:4 en photographie est très facile à vérifier sur les bouteilles de révélateur TMAX de Kodak par exemple où il est bien précisé que 1:4 signifie 1 volume de révélateur TMAX pour 4 volumes d’eau. La dilution résultante est bien de 20%. Idem pour Ilford, qui a appris à se méfier des photographes un peu bas du front ils ne disent jamais sur leurs bouteilles diluer à 1:4 sans autres précisions mais bien 1:4 avec l’explication: 1 volume de Rapid Fixer (par exemple) pour 4 volumes d’eau.
Je te l’accorde c’est « un peu » pas du tout carré tout ça, mais c’est comme ça qu’on se comprends entre photographes. Tu ne m’en voudras donc pas de na pas modifier les exemples de l’article qui s’adresse à la pratique photographique 😉
Quand on y pense, c’est la même chose avec les langues, pourquoi ne parle-t-on pas une langue unique sur Terre, ce serait bien plus simple…
si c’était le français!
Au fond scientifiques et chimistes parlent le même langage quand ils emploient les pourcentage de dilution. Exemple, si on nous dit diluez à 20% le scientifique va comprendre 1:5 et faire sa dilution à 1/5 ième, le photographe, lui va comprendre 1:4 et faire sa dilution à 1+4=5 et faire sa dilution à 1/5 ième également. C’est sacrement stupide, je te l’accorde, mais ce genre de problème de langage intervient dans bien d’autres domaines. Déjà si les anglo-saxons voulaient bien cesser de nous casser les … pieds avec leur système impérial… alors qu’officiellement il sont déjà en MKSA ça serait un ENORME soulagement!
savoir quelle dilution avec un révélateur ilford pq universal pour papier utilisé pour un film. merci
Bonjour Pascal, je n’ai jamais tenté de développer un film dans du Ilford PQ Universal, je n’ai donc aucune experience mais les fiches techniques d’Ilford mentionnent: 1+9 pour un fort contraste et 1+19 pour un contraste plus faible, « pictorial » est le mot qu’ils emploient.
Pour tenter cela j’imagine que tu sais ce que tu fais dans la mesure où c’est une application très spécifique de ce révélateur destiné en priorité aux papiers. N’ayant pas d’experience en ce domaine, il m’est difficile d’aller au-delà de la documentation disponible, désolé
Bonjour, désolé de déterrer un ancien article, juste une question complémentaire :
J’ai une solution stock de HC 110 dilué 1:3. Je veux faire une solution de travail à 1:48 par exemple, et doit donc diluer la solution stock à 1:X. Comment calculer X?
Merci pour votre aide.
Bonjour Christophe,
Pas de problème, les articles techniques sont fait pour cela, allons-y:
Soit la solution intiale de volume V1 dont la dilution est 1:A
on a donc dans cette solution un volume de soluté « pur » V1/(1+A)
que l’on veut diluer à 1:B
Dans ton cas A=3 et B=48
Commençons par supposer qu’on peut extraire de V1 le soluté « pur » de volume V1/(1+A)
Afin de le diluer en 1:B il faut ajouter un volume de solvant équivalent à B x V1/(1+A)
Mais nous savons que la solution initiale contient déjà
un volume de solvant (ici l’eau) équivalent à V1 x A/(1+A)
Il faut donc retrancher ce volume d’eau à celui que l’on veut ajouter et n’ajouter seulement que:
B x V1/(1+A) – V1 x A/(1+A)
ce qui est égal à:
V1 x (B-A)/(1+A)
D’où X = (B-A)/(1+A) le volume d’eau à ajouter à V1
pour obtenir une dilution de soluté à 1:B
en partant d’une dilution à 1:A
C’est un peu caricatural mais didactique je pense, en tout cas
j’espère que cela répond à ta question.
A bientôt
Génial, avec la démonstration !
Merci Alexis.
A bientôt