Quelques mots sur la grande rétrospective Irving Penn au Grand Palais (Paris) organisée pour célébrer le centennaire de sa naissance.
Couverture du catalogue de l’exposition
Pour les amateurs d’oeuvres avant-gardistes Irving Penn peut sembler désuet, voire « has been » selon la formule consacrée.
Catalogue de l’exposition laissé en libre accès aux visiteurs…
Ce serait tout d’abord un impardonnable manque d’éclectisme, mais surtout se serait faire l’impasse sur une des contributions décisives qui permit à la photographie d’acquérir quelques lettres de noblesses supplémentaires, et qui en font un peu plus chaque jour un medium respectable à part entière.
les signes du succès !
Sans ces avant-gardistes de leur temps, nulle avant-garde florissante sur le marché de l’art ne serait aujourd’hui possible.
Détail: Lisa Fonssagrives, la belle indissociable de l’oeuvre de Penn
Certes, à première vu cette esthétique aux airs convenue, emplie de parfums surranés, tant elle a servi de pilier fondateur au succès de nos magazines modernes, apparaît vieillie, usée. Cela nous semble être tellement rebattu, maintes et maintes fois encore, jusqu’à l’indigestion pour une industrie qui élève au rang d’idolatrie la philosophie du renouveau quotidien, qu’on voudrait presque en perdre son latin, convenance « in fashion » oblige.
Dali par Penn
Mais l’avant-garde raffinée aujourd’hui d’antant, a la dent dure, on ne tue pas le bon-goût facilement. On ne naît pas classique dans son époque, on le devient en prenant place dans l’avant-garde sophistiquée.
le fameux fond studio qui l’a suivi toute sa vie
l’appareil de l’image précédente</p style= »text-align: center; »>
La Deardorff 20×25 d’autres projets</p style= »text-align: center; »>
C’est tout l’attrait de l’oeuvre de Penn, un travail créatif inlassable, affiné, raffiné et pauffiné au fil du temps. Ce n’est pas tant la photo en elle même qui fait l’intérêt d’une telle retrospective, bien qu’elle en possède toute la ressource et la subtilité, mais on pourra la trouver ailleurs parmi d’autres livres ou galeries. C’est en réalité surtout ce travail créatif élaboré presque quotidiennement, avec densité, un travail de fourmi! pourrait-on dire. C’est en cela qu’une telle exposition prend toute son importance, car elle permet de bien se mesurer à l’incroyable production de l’auteur. Et de fait on peut sans nul doute y déceller une véritable recherche artistique dans son travail de l’esthétique.
Etudes de tirages: variations platine-palladium au centre, gélatino-argentique sur les bords
Tenu par les impératifs éditoriaux du magazine VOGUE les prises de vue de déroulent en couleur dans la seconde partie de sa carrière. Mais il n’empêche, pour lui-même l’artiste revient à son médium favori et tire en noir et blanc les photographies prises en couleur pour la revue.
Penn: La couleur pour le magazine, le noir et blanc pour lui
Incontournable: Le catalogue massif de l’exposition
Loin des artistes didactiques, ou conceptuels, Penn a entrepris un des voyages les plus difficiles: celui de l’esthétique. Force est de constater qu’il y aura rencontré quelques succès à même de traverser les âges, à priori… Seul le temps en sera juge. A l’opposé de l’art didactique bien plus contextuel qui s’évanouira comme neige au soleil, du moins est-ce mon avis, cet art esthétique ou « de l’esthétique », language universel, promet de témoigner, pour longtemps, d’une époque vu sous un prisme certes très étroit mais qui reste néanmoins très pertinent.
Irving Penn: nu
Commentaires récents