Ok, je sais, encore un “billet matos”, mais j’ai une bonne raison! (non…)
Mon Makina 670 est toujours en réparation chez Plaubel en Allemagne, cela fait déjà un bon moment et je ne suis pas certain que je serai en mesure de le récupérer avant longtemps, donc j’en suis là…
Et malheureusement pour mon portefeuille: alors que je me baladais d’une boutique photo à l’autre, principalement à la recherche de fournitures de tirages, je suis tombé sur une rareté: un Fuji GW670III en parfaite condition, “comme neuf” selon l’expression consacrée, et dans ce cas cela ne pouvait être plus exact.
Il faut jeter un coup d’oeil au compteur: il est à à 5! Ce qui signifie 50 déclenchements d’obturateur! En effet une pellicule de film 120 donne 10 clichés dans ce format.
Pour ceux qui ne connaissent pas cette merveille de Moyen Format fabriquée par Fuji c’est un des rares appareils qui permet de vérifier l’historique de l’obturateur, du moins son nombre de déclenchement. Le compteur se situe sur la semelle de l’appareil à côté de l’attache trépied, il compte les rouleaux utilisés, et non chaque déclenchement en tant que tel.
Ces appareils sont assez communs dans le format 6×9, ce sont les GW690 (avec la même optique), ils sont beaucoup plus rares dans le format 6×7 et encore moins en version III immaculée. L’appareil était dans sa boîte avec tout son contenu, comme un tout neuf. Apparemment le propriétaire l’avait gagné dans un concours et ne l’a jamais utilisé à part pour ces 5 rouleaux…
Ces appareils changent de main facilement sur le marché de l’occasion car ils sont robustes, leurs optiques sont superbes (bien que pas les meilleures de Fuji), ils sont relativement abordables, et leur compteur de déclenchement permet une vérification rapide de l’historique de l’obturateur. De plus la focale de 90mm est assez standard (ni grand angle, ni télé) et avec un diaphragme qui ouvre au maximum à F/3.5 cela en fait une optique très versatile pour ce format.
Maintenant, le revers de la médaille: ce sont des appareils très bruyants, l’obturateur central, connu pour être plan de conception silencieux, a du être conçu autour d’un mécanisme agricole de déclenchement, parce que je n’ai jamais entendu d’obturateur plus bruyant à ce jour (et oui, j’ai eu entre les mains des appareils Reflex Hasselblad, et Mamiya).
L’autre point qui attire les critiques est la fenêtre (centrale) à coïncidence d’images (FACDI) du télémètre, perçue comme trop petite. Etant donné les dimensions “dinosauresques” de l’appareil on s’attendrait en effet à une FACDI ou « patch » de télémètre un peu plus gros. Un bon point en revanche c’est l’espace suffisant compris entre les lignes de cadrage et la fenêtre du viseur, bref le cadre respire.
La forme ronde du « patch » (FACDI) accentue cette impression de petitesse, alors que la plupart des télèmètres ont un « patch » de forme carrée ou rectangulaire. En outre plus il est perçu petit et plus il semblera sombre, et on a ici réuni toute la mauvaise publicité que cette ligne d’appareils reçoit.
Concernant les lignes de cadrages, oui elles sont brisées, mais deux points (ex: point blanc au dessus du bouchon d’objectif) permettent de visualiser les coins du cadre.
Aussi connu sous le nom “Texas Leica”, à cause de ses dimensions extravagantes, et bien qu’assez léger on peut donc sans doute le trouver assez volumineux à transporter toute la journée. Et c’est ici que le Plaubel Makina 670 reprend sa position dominante comme appareil Moyen Format 6X7 de voyage.
A tous ces problèmes je réponds ceci: ayant déjà possédé un Fuji GW690II je sais parfaitement de quoi je parle. D’abord, un télémètre est d’abord destiné à être utilisé en zone focusing, ensuite cet appareil à été conçu pour le photographe de paysage, et dans ce domaine il remplit parfaitement son rôle.
Cet appareil photo argentique peut être utilisé dans un style reportage, mais dans ce cas son principal point faible n’est pas le « patch » du télémètre mais la façon dont on change les vitesses (nombres en blanc dans l’image ci-dessous). Comme l’ouverture du diaphragme (nombres en jaune) tout se passe au niveau de l’objectif juste derrière le pare-soleil (cf image ci-dessous), donc ce n’est pas la meilleure disposition pour changer les vitesses rapidement. Comme pour tout, cela demande de la pratique, et je suis sûr que certains peuvent changer leurs vitesses en un clin d’oeil.
Concernant le pur travail de portrait (sans parler du portrait dans un environnement), et bien mon opinion est déjà faite là dessus: les télémètres ne sont pas les outils photographiques destinés au portrait, en ce sens que ce ne sont pas les meilleurs outils pour cet emploi, les appareils à visée reflex sont fait pour ça (SLR/TLR).
A moins de vouloir, à l’instar de Dean Winters, intégrer comme partie de sa signature de style les portraits composés de façon centrale…
Maintenant que puis-je dire? oui c’est un télémètre conçu pour le paysage, oui l’objectif mord dans le cadre de visée en bas à droite, et oui sa distance de mise au point minimale est de 1 mètre.
Mais ce bébé peut être mis à contribution dans de très nombreuses situations, même les moins idéales (de mémoire une certaine A. Leibovitz en a utilisé un lors de la guerre de Yougoslavie à Sarajevo pour du travail de reportage, notamment parce qu’il fonctionne sans piles…), sont optique en fait un outil unique, et sa prise en main en cadrage vertical est un plaisir grâce à un second déclencheur très bien placé.
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