Non, il est hors de question pour moi d’écrire un article sur « comment séquencer ses photos en 10 étapes », je préfère évoquer pourquoi certaines approches sont préférables à d’autres pour travailler sur un enchaînement d’images. Je parle de l’aspect pratique d’arranger une série photo, que ce soit un reportage photo, un projet photojournalistique ou même un évènement famillial.
Comment arranger une série photographique est un sujet entièrement différent, et qui à mon avis ne peut-être enseigné que par des personnes dont la pratique a été cournonné par divers succès sous forme de livres ou d’expositions. Donc fondamentalement, seul un petit nombre d’élus en ce domaine.
Disposition aléatoire pour un premier coup d’oeil
Petite note: Je ne parle pas de la « séquence d’action » (où un mouvement est décomposé dans la même image par assemblage de plusieurs clichés ou expositions). Pour le grand débutant: un enchaînement d’images signifie arranger une série de photos dans l’ordre où le spectateur recevra ces images, cela peut-être pour un livre, le parcours d’une exposition, ou simplement l’arrangement en ordre de lecture de quelques photos sur un mur.
Donc donc fondamentalement l’enchaînement correspond à l’organisation du flux visuel. Certain vont parler de « raconter une histoire », mais cela réduit un peu le périmètre de ce qu’est un flux visuel, à mon humble avis.
C’est un concept ridicule pour certains artistes qui considère cette notion superflue à leur travaux, alors que d’autres ne jurent que par l’enchaînement et sont totalement concentrés sur ce concept plutôt que sur l’intérêt de l’image singulière. Poussé à l’extrême cela peut vouloir dire que de médiocres travaux correctement arrangés peuvent gagner en valeur… Il n’y pas lieu de sourire, certaines personnes en font un métier et en tire une certaine renommée…
Quoiqu’il en soit si Confucius a ne serait-ce qu’à moitié raison alors il doit y avoir une voie intermédiaire en ce domaine. Et avec de grands espoirs on se prend même à rêver de superbes travaux arrangés dans un enchaînement parfait. Ou plus simplement on peut faire de son mieux avec ce que l’on a. Je me contenterai de cela…
De fait pour autant que deux images soient présentées ensembles, l’ordre, le placement ou l’arrangement peut être considéré comme un enchaînement. Cette étape intervient après avoir choisi les images d’un projet, celles qui verront la lumière sous forme de tirages. C’est du moins ce que l’on pense: le travail d’enchaînement arrive après celui du choix des images. Mais ce n’est pas toujours le cas.
En effet, certaines (la plupart) des images ne trouveront pas leur place dans un enchaînement et seront éliminées pour cette seule raison. Certaines autres, sans qualité d’image singulière vont succiter de l’intérêt lorsque combinées à d’autres photos dans une série d’images. Cela peut-être pour créer un repos visuel, une pause, ou tout autre effet escompté.
L’enchaînement nous aide à définir précisement ce que l’on désire transmettre lorsqu’on va plus loin que « Je les ai disposées ainsi parce que ça me semblait bien comme ça », ce qui en dit déjà long sur l’intention de l’enchaînement i.e. avoir l’air bien est suffisant… Ou en d’autres termes: le sujet ne nécessite pas plus dans l’opinion de l’auteur. Ce qui peut raisonner comme « Je ne suis pas suffisamment passionné par ce sujet pour m’attarder dessus au delà de la fluidité de son arrangement visuel… » après tout, chacun voit midi à sa porte.
Quelconque, ok, pourquoi pas? Hé bien… pourquoi alors?
Tout ce que je dis c’est que nous fassions un choix profond ou que nous prenions une décision inconsciemment superficielle concernant l’enchaînement de nos images, l’arrangement a de toute façon une signification propre. A l’opposé un travail intense accompagné de choix conscients et profonds ne signifie pas toujours qu’on puisse atteindre le but fixé, mais je parie qu’on se donne de bien meilleures chances.
Maintenant comment faire cela avec plus de 10 images sur un écran? En utilisant des vignettes sur un écran toujours trop petit? Hé! bien essaie donc ça! Je te garantie une migraine ophtalmique en moins de 20 minutes, c’est to-ta-le-ment incommode!
Donc maintenant, essayons la méthode tant éprouvée: le tirage, oui! le tirage sur le bon vieux medium à l’arbre mort, le tirage comme: imprimer ses photos, les étaler par terre ou sur une table et essayer de les arranger. L’écran est d’un seul coup redimensionné à la taille d’une pièce, pas de défilement d’écran hystérique, pas de glisser-déposer grrrr! juste un bon coup d’oeil humain, le regard et le toucher. Quel sou-la-ge-ment!
En somme rien de nouveau sous le soleil, le pouvoir du tirage reste incontesté!
Ok, je sais c’est assez évident non? D’un autre côté pourquoi ré-inventer la roue quand elle tourne encore? Et même mieux! On a pas besoin d’acheter ses propores tirages juste pour ça. Après tout on veut juste voir si ça fonctionne avant de s’engager définitivement sur un choix. Ou on peut avoir seulement des scans médiocres qu’on a l’intention de rescanner ou tirer correctement seulement lorsque tout sera en place (texte, illustrations, images).
C’est là qu’intervient l’astuce magique pas très nouvelle: l’imprimante de bureau, imprimante laser ou tout autre. Oui l’imprimante nulle et pas chère dédiée au pages de textes alimentée par du papier recyclé, on ajoute une paire de ciseaux bon marché et on peut dire au revoir à son écran. Il n’y a absolument aucun besoin de tirage photo digne de ce nom à ce niveau, on a juste besoin d’une référence visuelle, de vignettes tactiles en quelque sorte.
Mon imprimante de bureau bon marché alimentée en papier recyclé, oui, je sais, c’est le bor..zar…
Bref, c’est l’outil que j’ai fini par adopter, ce qui ne fait pas office de référence, mais si ça fonctionne pour moi, alors il est possible que cela puisse marcher pour quelques autres personnes si je ne suis pas trop « barré »… -insérer prières et génuflexions ici-
Donc voilà, oui ces tirages sont atroces, mais fonctionnels, et oui ces photos prises en vitesse au smartphone sont repoussantes. Mais elles restent fonctionnelles dans le cadre de cet article. « A chaque mal sont remède » non?
Donc quels sont les avantages du « papier de bureau » (recylé pas moins!)?
- Il est bien entendu très bon marché
- On peut imprimer les photos à la taille voulue
Concernant la taille ma préférence personnelle c’est: pas trop petite de sorte qu’on puisse distinguer les détails, et pas trop grande de sorte qu’on puisse manipuler les tirages, les mélanger, les ré-arranger sans trop de difficulté.
J’imprime d’habitude 6 photos sur une feuille A4
En fin de compte ce qui fonctionne le mieux pour moi est une taille qui tient dans la paume de la main. Les tirages 10x15cm me semble un peu trop grands pour être disposés de façon pratique car ils occupent vite beaucoup d’espace, je ne veux pas avoir à monter sur une échelle pour une vue d’ensemble.
Ce qui est intéressant dans le travail d’enchaînement des phhotos c’est que les défauts sont évidents, les images répétitives par exemple. Ou plus frappant encore: les images manquantes! celles qui devraient être là pour maîtriser le flux visuel. Le travail d’arrangement qu’implique l’enchaînement aide le projet à atteindre un statut de série ou de corpus de travail, ou bien encore plus fréquemment dans mon cas un statut de travaux-en-passe-de-devenir-l’ébauche-d’une-série…
L’ébauche du sens: du chaos au signifiant, avec espoir…
Tout au moins c’est ce qu’il fait pour moi: m’aider à définir une vision plus objective de ce que je fais. Parce qu’après tout qui a besoin d’un « Photo Folio Review » ou lecture de « Portfolio » dès le départ? Un travail nécessite d’être mûri avant d’être présenté à ses pairs/maîtres.
Adhésif quelconque à la rescousse du progrès en marche
Ce que je veux dire, c’est qu’on connait ses travers, les miens sont en face de moi, répétitions, bien que delibéré au départ le manque de gros plans ne me semble être pas suffisamment justifié dans le flux visuel compte tenu de l’intention initiale etc… De plus: Puré! pourquoi est ce que j’insiste à essayer de me faire croire que je peux tenir ce projet sur une assise de 35mm alors que le flux se déroule come si j’étais passé d’une focale de 50 à 35mm sans ajuster mes appuis etc…
Et voilà le premier jet d’un flux visuel, juste pour sentir son déséquilibre entre les mains
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