Ah! quoi du flash ?
« Ben » oui quand on peut s’en passer c’est toujours ça de moins à transporter. Mais c’est parfois une necessicité.
Comment s’en servir sans flashmètre, en toute simplicité et sans stresser pour la justesse de l’exposition?
Il existe bien entendu toutes sortes d’automatismes disponibles sur de nombreux appareils. Mais quand on préfère être certain du résultat ou que l’appareil photo est dépourvu d’électronique, il faut bien mettre les mains dedans.
Heureusement il existe une méthode ultra simple pour réussir à tous les coups: en passant par le Nombre Guide à l’aide de cette formule:
GN = F × d
GN = « Guide Number » ou Nombre Guide -NG- en mètre ou pied
F = la valeur du diaphragme utilisé
d = distance du sujet en mètre ou pied
La formule est simple et pourtant il est inutile de la retenir. Nous verrons pourquoi plus loin.
Tous les flashs dédiés (muni d’une griffe flash), petits ou gros, possèdent un indice de puissance très utile: le Nombre Guide. C’est un nombre repère qui permet notamment de comparer les flashs entre eux. Un petit Nombre Guide indique une faible puissance, et inversement un grand indique une plus forte puissance.
Deux flashs de puissance équivalente
Les mêmes bestioles de dos
Le pense-bête est la solution magique pour simplifier l’utilisation du flash en mode manuel, sans calculs et donc sans erreur possible, à moins d’être une truffe… Je l’explique un peu plus loin. Pour l’heure, retour aux notions de base pour bien comprendre de quoi il retourne.
Les constructeurs livrent le Nombre Guide pour une sensiblité de référence de ISO 100.
Il est particluièrement saisissant de constater à l’aide de la formule que pour une distance de 1 mètre le Nombre Guide est strictement égal à la valeur d’ouverture. Ce qui donne des valeurs d’ouvertures assez « inhabituelles » tant elles sont petites pour des flashs de milieu de gamme.
Les deux flashs illustrés plus haut ont le même Nombre Guide: 58 mètres.
Donc pour un Nombre Guide à 58 il faut fermer le diaphragme à F/58 ! pour prendre une photo à 1 mètre avec un film de sensibilité ISO 100. On a du mal à se représenter une ouverture comme celle-ci…
Inversement avec le même nombre guide 58, en utilisant une ouverture de F/1 pour un film de ISO 100 on peut éclairer un sujet à 58 mètres! Là c’est plus parlant car des objectifs qui ouvrent à F/1 ça existe (même s’ils sont chers). 58 mètres c’est loin!
Attention piège:
Pour les flashs qui ont une fonction zoom (pour s’adapter à la focale de l’objectif – c’est automatique et/ou débrayable), il faut se méfier car le marketing étant passé par là le Nombre Guide est donné pour la valeur de zoom maximum… Car bien entendu plus le faisceau est concentré plus sa portée est grande. Mais dans le manuel les Nombres Guides équivalents sont donnés pour toutes les valeurs de focale.
Voyons avec ces flashs donnés pour un Nombre Guide de 58 mètres. Cette valeur correspond à un zoom de 105 mm, mais dans le manuel on peut trouver le nombre guide correspondant à une focale de 50mm.
En tenant compte de la formule du Nombre Guide, de la valeur ISO de la pellicule et du zoom éventuel du flash, ça fait beaucoup de petits calculs à faire (sans compter la distance), pour prendre une photo. Même si ces calculs sont très rudimentaires, on risque d’oublier d’ajuster la valeur du zoom ou celle de l’ISO etc…
Afin de ne pas m’y perdre j’utilise un Nombre Guide unique correspondant à une focale de référence, qui pour moi est de 50 mm (cf ci-dessous GN = 42 mètres).
Table des puissances: extrait du manuel du flash Canon 580 EXII
La puissance est affichée comme sur l’écran du flash: en fraction de la puissance maximale 1/1. Donc 1/2 correspond à la moitié, 1/4 au quart de la puissance maximum etc… Je reviendra une autre fois sur l’utilité du système de fraction pour représenter la puissance de l’éclair.
Quoi qu’il en soit le moyen le plus simple est de limiter les variables afin de créer une table repère pour une distance donnée qu’on collera sur la tête du flash. Il suffira de s’y reporter pour savoir à quelle puissance régler le flash ou alors à quelle ouverture utiliser le diaphgrame pour la puissance affichée.
Pour parvenir à une table claire on fixe la focale utilisée à 50 mm (si c’est bien celle-ci qu’on utilise le plus souvent) on ne s’intéresse donc plus qu’à une seule colonne de la table (celle colorée en vert). Puis on fixe une distance flash-sujet (nous verrons quelle distance plus bas).
Grâce à la formule GN=F × d on déduit pour chaque ligne de la colonne la valeur de diaphragme à utiliser soit F= GN / d. On a donc pour une sensibilité ISO de référence: 100, et une distance fixée, toutes les valeurs d’ouverture du diaphragme à utiliser pour chaque valeur de puissance du flash.
Déduire la puissance à utiliser pour les autres valeurs ISO est très simple quand on sait qu’on gagne un cran diaph. dès qu’on double la puissance de l’éclair. Donc si 1/64 est la bonne puissance à utiliser à 100 ISO il faudra la diviser par deux si on passe à ISO 200, donc la fixer à 1/128.
Lecture de la table: pour un sujet situé à la distance de référence tout est indiqué sur la table. Si on choisit une valeur d’ouverture, la table nous donne la puissance de flash à utiliser pour la sensiblité de la pellicule. Si au contraire on choisit la puissance du flash, par souci d’économie par exemple, alors la table nous donne la valeur d’ouverture à utiliser. Simple, rapide, efficace et sans erreur possible.
Que faire pour une distance qui n’est pas celle utilisée dans la table ? En premier lieu il faut évaluer la distance par rapport au sujet. Ici également il y a une façon simple et efficace pour ne pas se retrouver complètement à côté de la plaque.
Evaluer une distance en mètre n’est pas facile pour tout le monde. En revanche évaluer une distance par rapport à la longueur de son bras ou de ses pas est beaucoup plus intuitif et tombe juste pour la plupart d’entre nous. Ma référence perso. pour la table est la distance entre mes mains, les bras tendus en croix, plus le recul du flash que je tiens en arrière de mes épaules (donc pas sur l’appareil).
Rien ne sert de trop s’énerver sur l’exactitude des mesures, la plupart des émulsions encaisse bien les erreurs d’un équivalent cran diaph., sauf les inversibles (diapositives) qui sont plus exigentes sur ce point.
Une fois la distance évaluée comment utiliser la table ? très simple lorsqu’on prend conscience de ce phénomène: quand la distance double on perd deux valeurs de diaphragme (2 crans diaph.) on passe de F/8 à F/4 et inversement lorsqu’on divise la distance par deux.
Pour se faciliter la tâche dans la vie pratique il faut éviter de prendre pour référence dans la table une distance qui n’a aucune utilité pratique comme 1 mètre par exemple. Autant prendre une distance facile à utiliser de façon intuitive. Ca dépend bien entendu de chacun.
Le plus simple est donc de réfléchir en fonction du double, de la moitié, du quadruple ou du quart de la distance de référence. Si la distance est double de celle de référence on décale de 2 colonnes vers la gauche. Inversement si la distance est la moitié de celle de référence on décale de 2 colonnes vers la droite.
Et voilà c’est tout, redoutable, efficace, et simple, plus besoin de « TTL-et-toutes-ces-sortes-de-choses ». Enfin presque: on comprend aisément pourquoi les mesures d’expositions flash automatique comme TTL ou ETTL, sont très utiles lorsqu’on ne connait pas la distance à la quelle le sujet va se trouver (ou qu’il bouge trop vite). Mais ce sont des situations rares ou typiques d’un type de prise de vue particulier. De plus en manuel l’exposition du flash ne sera pas perturbée par la lecture d’un environnement défavorable.
Comme souvent en photo les automatismes fonctionnent très bien dans certaines conditions particulières seulement. Le reste du temps il faut leur apporter une correction … Alors autant s’éviter des ennuis inutiles. Puisqu’en argentique on vérifie son bon jugement après le dévelopement, on s’évite plus facilement des sueurs froides en mettant un maximum de certitudes de son côté.
Pourquoi se priver du flash automatique sur un appareil tel que l’instax-210 ? Pour ça:
A gauche flash intégré automatique à droite flash déporté manuel
Ca dépend bien entendu des goûts et des couleurs mais pour ma part je préfère mille fois la version de droite dans laquelle on récupère une troisième dimension! Idem pour un portrait. Je fais ça régulièrement sur pellicule mais sur film instantané pas de bidouille possible, la preuve que ça marche et que c’est beau est flagrante.
En deux mots comment ça marche avec ce combo ? Simple: on cache le flash avec un papier brillant qui refléchit la lumière vers l’arrière et/ou le haut, ce qui déclenche un flash tenu dans la main réglé comme je viens de l’expliquer (avec la table). Le flash YN560-II possède un mode esclave qui lui permet de se déclencher dès qu’il « voit » un éclair.
NB: Plus la distance est courte et plus il faut être précis ! En dessous de 2 mètres il faut commencer à faire attention, et en dessous de 1 mètre il ne faut vraiment pas se tromper. Au delà de 5 mètres il faut être franchement mauvais pour se retrouver dans les choux. Cela vient de la façon dont l’énergie lumineuse se disperse en fonction de la distance. Nous verrons cela une autre fois.
Conclusion: Si on allie cette méthode avec celle du F/16 on se rend compte qu’on peut affronter le monde de la photo entièrement en manuel, sans aucune mesure électronique (même si celle-ci a toute sa place pour certaines applications). C’est d’autant plus libérateur que c’est très simple. Presque trop simple, et c’est ce qui peut faire peur, car on finit par réduire tout ce bidule qu’est le matériel à quelque chose d’aussi simple et accessible qu’un crayon. Et le plus effrayant dans le crayon c’est la feuille blanche qui est dessous !
Bonjour,
Très chouette article. J’ajouterais qu’il est toujours préférable de recalculer le nombre guide d’un flash car les marques ont tendance à augmenter le NG de leur flash dans les prospectus. Cela pourrait faire l’objet d’un prochain article : « Comment calculer le nombre guide d’un flash dont je n’ai pas la documentation » par exemple. Chaque fois que j’achète un flash ou que j’en utilise un que je ne connais pas, je recalcule le nombre guide manuellement.
Je vous conseille d’essayer, vous seriez surpris de l’écart entre le NG indiqué et le NG réel.
Très bonne continuation
Philippe
Bonjour Philippe,
C’est une excellente idée pour un nouvel article, j’y viendrais certainement !
Merci !